Le manque de main-d’œuvre est un fléau qui affecte beaucoup de secteurs d’activité. Au pays, c’est 560 000 postes qui sont à combler après le premier trimestre de 2021.[1] La pandémie du Covid-19 en 2020 n’a pas aidé. Au Québec, ce serait maintenant jusqu’à 94% des entreprises qui sont victimes de ce problème[2]. Plusieurs causes sont pointées du doigt, souvent, dans l’opinion publique, la vaillance des jeunes fait l’objet de récrimination. Toutefois, il ne faut pas oublier les origines démographiquement. En effet, le vieillissement de la population est un phénomène bien réel qui est selon plusieurs experts la raison principale[3].

Mais si le problème était la solution ?

 L’espérance de vie ne cesse de croître[4], la période active est en constante augmentation malgré une pension qu’on vise toujours plus tôt.  Pour régler la crise, on favorise de plus en plus, notamment par du temps partiel et des horaires accommodants, l’intégration des retraités sur le marché du travail[5].

C’est pour cela que notre étude a décidé d’engager une personne âgée.

Il nous fait plaisir de vous présenter officiellement, après deux stages estivaux, le nouveau venu dans notre équipe à titre de factotum.

Émanant de la cohorte des retraités de la Cité étudiante de Roberval 2020-2021, il a un impressionnant curriculum vitae.

Malgré avoir été élevé sur la rue Scott à Roberval, il prône des valeurs catholiques ayant été baptisé à l’église Notre-Dame le 30 juin 1963. Il y a également fait sa première communion le 26 mars 1971, sa confirmation le 29 mars 1971 et sa confirmation solennelle le 19 avril 1975.

Son cheminement scolaire commence pour le moins difficilement en effectuant l’école buissonnière pendante toute sa maternelle. Selon les informations que nous possédons, il est impossible de savoir si c’est parce qu’il voulait rester avec sa mère ou parce qu’elle ne voulait voir son bébé quitter le nid.

Quoiqu’il en soit, c’est en 1969 qu’il débute officiellement son parcours scolaire en première année à l’école Ste-Ursule après une certaine adaptation lors des premiers jours, paraîtrait-il induit par le sevrage maternel. Il a aussi fréquenté l’école Benoit-Duhamel en milieu de parcours et terminé à sa petite école à Notre-Dame.

Après un primaire sans embuche mais avec le même costume d’activité physique, il finira les 5 années du secondaire à la Cité étudiante de Roberval pour obtenir son diplôme en 1980.

Par la suite, il fréquenta quelques années le CÉGEP de St-Félicien, les informations sur la durée varient entre 3 ans et 6 ans, mais tous s’entendent pour dire qu’il excellait en tennis de table.

Par la suite, il s’exile à Québec pour intégrer l’Université Laval où il complétera qu’une seule année en Sciences religieuses. Paradoxalement, quelques histoires dans des établissements hôteliers de la grande ville proviennent de cette époque.

Pas si pieux finalement, il revient s’établir à Chicoutimi, par amour pour sa future épouse, où il s’inscrira au baccalauréat en sciences sociales qu’il achève avec succès. Après un stage pour CORAMH, il se bute à une absence d’opportunité de carrière. Il a donc recommencé des études pour être parmi la première cohorte de finissants du baccalauréat en travail social de l’UQAC en 1991.

Le parcours académique fut parsemé de quelques emplois étudiants. Il passa de jardinier pour la ville de Roberval à l’entretien du camping Mont-Plaisant pendant les étés 83 et 84. Il a également eu une courte période comme vendeur itinérant de bourses d’études, mais il manquait de mordant pour le job, une confrontation canine l’a forcée à démissionner.

Sa formation universitaire fut en grande partie financée par BSI qui l’employait pour parcourir le Québec afin de procéder aux inventaires de divers commerces. Pendant près de 6 ans, il a sillonné la province pour visiter de nombreux dépanneurs et épiceries le laissant fort d’une expérience unique et de souvenirs inoubliables qu’il se plait d’ailleurs à partager abondamment.

En outre, il a profité de son retour en région après son bref passage dans la capitale nationale pour se marier en 1985 à son épouse avec qui il célèbre cette année 36 ans de bonheur.

De cette union est née sa plus belle réalisation, soit son digne héritier est venu au monde en novembre 1988.

C’est en 1992 qu’il revient dans sa ville natale avec ses diplômes universitaires en poche. C’est la même année qu’un deuxième enfant se joint à la famille, une fille cette fois. Côté travail, il est d’abord embauché dans une ressource d’hébergement en santé mentale pour ensuite, en 1993, via un projet fédéral, intégré la Cité étudiante auprès des jeunes. L’objectif est de mettre sur un pied un endroit dédié à la clientèle présentant des problèmes de comportement en classe. Sa carrière d’éducateur a officiellement commencée à la rentrée 1995 lorsqu’il est engagé par la commission scolaire comme responsable du local d’exclusion qu’il avait fondé. Pendant plus de 15 ans, il a été le repère de tous les exclus de leur cours. Il a été la personne calme et à l’écoute de ceux que l’on voulait souvent faire taire. Il a été celui qui amenait la réflexion, mais surtout sur qui les jeunes pouvaient compter pour les aider. Il a marqué la jeunesse d’un nombre incalculable d’ado, beaucoup de délinquants lui doivent le retour sur le droit chemin. Même que plusieurs avocats, probablement plus de procureur de la Couronne toutefois, ont eu recours à ses services à l’époque. Du témoignage de tous, il fut le pilier de plusieurs générations d’étudiants pendant 15 années.

Pour des raisons qui lui sont propres, il a réorienté en cours de carrière son intervention dans l’école en devenant éducateur dans une classe d’adaptation scolaire pour un autre 12 ans. Il s’est investi de manière plus personnelle avec un nombre plus restreint d’élèves, mais toujours avec la même écoute et surtout le même dévouement.

C’est après 28 ans de loyaux services pour la jeunesse qu’il a décidé de prendre un repos bien mérité et d’entamer de nouveaux projets.

Il nous fait extrêmement plaisir d’être inclus dans ses plus récents plans. C’est un honneur de pouvoir bénéficier de sa disponibilité, sa polyvalence et sa débrouillardise.

En fait, je pourrais aussi simplement remercier mon père de m’accompagner et m’appuyer toujours et encore dans mes projets.

Merci papa, ta paie est dans la poste, patience !


[1] https://www.journaldemontreal.com/2021/06/22/penurie-de-main-duvre-le-quebec-atteint-des-records-1

[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1784275/penurie-main-oeuvre-relance-economie-pandemie-entreprises

[3] https://www.journalacces.ca/la-penurie-de-main-doeuvre-expliquee/

[4] https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-630-x/11-630-x2016002-fra.htm

[5]https://www.lequotidien.com/la-vitrine/emplois/penurie-de-main-duvre–les-retraites-une-partie-de-la-solution-7753904c827ca0e01cb5c40010adf54b   https://emploiretraite.ca/